Les fortifications du littoral de la Manche en place durant la seconde moitié du XVIIe siècle étaient héritées du Moyen Age, comme en témoigne la maquette du Mont-Saint-Michel construite avant 1691. Ce réseau défensif ne fut pas complété avant 1686, malgré la position stratégique des côtes de Normandie et du nord de la Bretagne face aux puissances maritimes d’Angleterre et de Hollande. Les travaux réalisés alors s’inscrivirent dans le cadre de la politique d’aménagement défensif des côtes initiée par Colbert dès 1661. Ils consistèrent principalement en l’édification d’ouvrages isolés (batteries ou redoutes), le long du littoral et dans les îles. La défense des principaux ports fut aussi renforcée par la création d’enceintes urbaines, comme au Havre ou autour du port de commerce de Saint-Malo, dont les plans-reliefs, construits à la fin du XVIIe siècle, sont aujourd’hui détruits. La maquette du fort de la Conchée (actuellement en réserve) offre un très bel exemple de forteresse édifiée sur un îlot rocheux : construit en pleine mer, ce type d’ouvrage, puissamment armé de canons et mortiers, avaient pour mission d’interdire aux navires ennemis l’accès au port.
Malgré ces aménagements, l’établissement d’un important port militaire entre Dunkerque et Brest faisait défaut. Bien que Vauban ait élaboré dès 1686 un projet complet de fortification de la ville de Cherbourg, il fallut attendre le règne de Louis XVI et surtout le Premier Empire pour que ce port commercial soit aménagé en port militaire. Le dispositif défensif de l’arsenal de Cherbourg, dont le plan-relief est toujours conservé, fut complété durant la seconde moitié du XIXe siècle, notamment par l’adjonction d’un dernier fort destiné à renforcer les défenses de la digue, le fort Chavagnac (maquette en réserve).